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LA MONTAGNE D’HIVER

Le 30 décembre, vaguement anxieuse, la jeune femme guetta l’arrivée de la voiture. Mais ensuite, elle fut contente. Elle se sentit fière des enfants d’Hélène. Ils étaient extraordinairement vivants, et le repas de midi, lourd à servir pour la frêle Marie, fut si animé par leur entrain et l’aide qu’ils offrirent spontanément, que rien ne parut compliqué.

Hélène, d’avance, s’était engagée à passer à l’hôtel quelques heures, avec un groupe d’amis. Louise proposa de conduire les enfants sur des pentes plus longues et plus excitantes que La Solitaire.

— Nous monterons le T-Bar. Huit minutes pour l’ascension. Ensuite, le choix de plusieurs pistes pour la descente. Mais je vous préviens tout de suite que moi, je ne me lance que dans la plus facile.

De loin, on distinguait ce remonte-pente qui rayait la montagne d’une étroite ligne blanche, dans sa partie boisée. Appuyés deux à deux à la tête du T à l’envers, les skieurs, en longue file, étaient tirés lentement et sans fatigue jusqu’au sommet. C’était une sensation nouvelle pour Madeleine et pour les deux enfants. Ils furent enchantés.

Le soleil de décembre descendit malheureusement trop vite. De là-haut, un fin nuage de brume voilait en partie le village. Tout de même c’était impressionnant. Ils se sentaient au faîte du monde. Sur la cime pointait le pignon d’une cabane bien chauffée. Ils entrèrent se dégourdir les doigts, que le fer du T-Bar avait gelés. Tous s’engagèrent ensuite dans la piste des débutants, un sentier qui s’inclinait d’abord imperceptiblement, enserré par une forêt dense, la pointe des résineux limitant un ciel tout proche.

La descente parut d’abord trop douce aux enfants, que la montagne, à Montréal, avait habitués aux difficultés et aux obstacles. Mais bientôt, elle s’accentua, bossuée, tournante, et elle les contraignit à des virages à angle droit