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Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/22

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XIV

Blessent-ils autrui ? Prétendre imposer à tous ses goûts, sa façon de vivre, de penser, d’aimer, d’agir est une de ces outrecuidantes naïvetés qui ne peuvent entrer que dans la cervelle étroite des moutons humains du troupeau de Panurge.

En dépit des lois pour la réglementation des bonnes mœurs (puisque bonnes mœurs cela s’appelle) quantité de gens continueront à en avoir de mauvaises, à commencer par ceux-là-même qui élaborent les susdites lois.

Le sage seul se tait ; il sait que chacun doit être libre d’accommoder sa femme à sa manière et de saler son potage à son goût.

Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il en puisse être, nos vertueux voisins de la Pudique Albion, sont je le répète, les plus grands dégustateurs des plaisirs réprouvés pourvu qu’on les tienne secrets, et c’est dans les recoins mystérieux de leurs bibliothèques que l’on découvre, soigneusement embusqués, un nombre extraordinairement varié d’ouvrages sur ce sujet shocking and improper.

Un érudit de Londres caché sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi a donné en deux volumes de 1877 à 1879 d’intéressants détails sur ce côté des mœurs de ses compatriotes, et déjà quelques années auparavant The Englishwoman’s Domestic Magazine publiait une série de Lettres sur la fessée des filles et les punitions corporelles infligées aux enfants.