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Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/33

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LETTRE I

détails sur nos faits et gestes avant que je n’allasse te rejoindre à la pension ; c’est à leur occasion que j’avais cru pouvoir t’annoncer d’avance quelque intéressante communication pendant mon séjour, mais cet espoir, je dois le dire, ne s’est malheureusement pas réalisé.

Tu sais que j’ai été élevée par ma tante lady Lovesport et que j’ai vécu auprès d’elle jusqu’à l’âge de dix ans ; c’est alors que j’ai été envoyée en pension. Comme tu connais Lady Lovesport et que tu as pu juger à quel point elle est belle et distinguée, il est inutile de te faire son portrait, d’autant plus que j’aurai, par la suite, l’occasion de parler de sa personne. En revanche, tu ignores peut-être qu’elle a été mariée très jeune à un homme riche mais fort âgé, avec lequel elle n’a point été heureuse. Son mari, toutefois, sentant qu’il lui devait quelque compensation, lui légua presque toute sa fortune, mais en lui imposant pour condition de ne pas se remarier. Lorsqu’il mourut, ma tante put ainsi mettre d’accord son intérêt avec son désir de ne pas se soumettre à l’autorité d’un second époux et depuis son veuvage, elle a toujours mené une vie fort agréable. Comme ses revenus sont considérables, elle tient sa maison sur un grand pied, aucune facilité ne lui manque pour se passer toutes ses fantaisies et j’ai de bonnes raisons pour croire qu’elle n’hésite pas à cher-