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Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/72

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LETTRE IV

soin de te figurer le bonheur dont il m’a été donné de jouir.

Je te disais dans ma dernière lettre que nous attendions l’arrivée d’Henri. Il est venu en effet deux jours plus tard et ne nous a quittés que ce matin pour faire visite à l’un de ses amis. Comme il a changé depuis l’époque où nous nous sommes trouvés ensemble pour la dernière fois, il y a de cela deux longues années ! Et cependant c’est toujours le même cher et délicieux garçon, toujours aussi épris de moi et aussi désireux de faire tout ce qui est en son pouvoir pour me rendre heureuse ; pouvoir qui n’est d’ailleurs pas peu de chose, sois en sûre. Henri s’est beaucoup développé, et il a déjà l’air d’un homme bien que n’ayant pas plus de quinze ans ; je puis même te confier, pour en avoir fait l’expérience, qu’il possède certains attributs de son sexe d’une taille à le rendre un objet d’envie pour un grand nombre de ses compagnons plus âgés. Il est resté le même pour moi et l’absence n’a pas plus affaibli l’affection qu’il me porte qu’elle n’a diminué la mienne. En revanche, j’ai été très surprise du changement survenu dans la manière d’être d’Henri vis-à-vis de ma tante. Elle a évidemment pour lui un grand attachement. Mais au lieu de l’attitude quelque peu impertinente qu’il avait habituellement avec elle, il lui témoigne autant de respect que d’obéissance et paraît n’avoir