Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— « Nyssia, que me fait ce lac mystérieux
Dont tu parles ? vers moi tourne enfin tes prunelles !
Je sens que tout mon être absorbé passe en elles,
Et que mon âme entière a plongé sous les cieux,
Nyssia, de tes yeux. »

Et Nyssia sourit : « Vis ou meurs, que m’importe !
Dit-elle ; maintenant que tressaille à son tour
Dans mes yeux l’immortel reflet de ton amour.
Oui, c’est vraiment ton âme, au fond de cette eau morte,
Ton âme, que j’emporte ! »

Et l’eau se referma sur elle ; un souffle erra
Longtemps au bord du lac, le souffle de son rire.
Et moi, je vois au fond mon reflet qui m’attire,
Et qui, lorsque ma vie à la fin s’éteindra,
Sous l’eau me survivra.


LÉON DIERX.