Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/129

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Ma contemplation s’abîme dans tes yeux,
Mer idéale dont les houles fantastiques
Sur leur indéfini vague et silencieux
Bercent languissamment mes visions mystiques.

Et du fond de tes yeux, mon Esprit, que conduit
Une étoile perçant péniblement les ombres,
Regarde loin, en bas, aux confins de la nuit,
Mon cadavre amoureux qui pleure à tes pieds sombres.

Car mon corps, dans l’amour divin, s’est endormi.
Le mystère, qui rêve aux bords de ta paupière,
Absorbe tout mon être, et le roule parmi
La mer vitreuse, où court un frisson de lumière.

Quand tes regards sont doux, sur la mer de tes yeux
S’étend un jour égal qui palpite et flamboie,
Et dans le bercement des espoirs radieux,
Je nage en chantant comme un voilier qui louvoie ;

Je nage dans tes yeux comme dans une mer
Orientale, à l’heure où s’éveille l’aurore
Douce et rouge, versant les fraîcheurs de l’éther
Dans sa sérénité transparente et sonore

Lorsque de tes regards jaillissent des éclairs,
Quand la mer de tes yeux s’irrite et se soulève,
Et qu’un nuage noir, éteignant les cieux clairs,
Apporte une tempête effroyable qui crève ;