Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/182

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Mais un répertoire humble, à peu près souriant,
Et Gessner, et Goldsmith, et surtout Florian,
Inventant, pour charmer la France encor prospère,
Les tendres embarras d’un Arlequin Bon père !
O torrents généreux que Mozart épanchait,
Pleurs du violoncelle, et sanglots de l’archet,
Taisez-vous à jamais ! votre murmure entête !
D’ailleurs nous avons mieux ce soir ! comme c’est fête,
Une voisine aimable et qui cherche un mari
Fredonnera sans doute un motif de Grétry,
Et sans doute par elle entraîné vers la lutte,
Le vieil oncle à son tour jouera son air de flûte.
Voyageurs revenus des pays du soleil,
Laissez-nous ! à quoi bon votre Midi vermeil,
Vos danses, vos palais où chantent les cascades
Et vos doñas rêvant à côté des alcades ?
Le seul pèlerinage et le seul paradis
Qui tente maintenant les marcheurs alourdis,
C’est l’éternel parcours du parc, l’unique allée
Qui du coteau sans ombre arrive à la vallée !
Et vous amants, et vous, qui soupirez encor
Après les grands destins, Tasse sans Léonor,
O don Juan sans Elvire, Hamlet sans Ophélie,
Allez ailleurs porter votre mélancolie,
Ici l’on se repose ! ici nous espérons
Découvrir un front pur parmi ces jeunes fronts,
Près de la table à thé, comme au printemps antique,
Rallumer le flambeau du bonheur domestique,
Et changer en mistress quelque timide miss,
Juliette à présent qui deviendra Baucis. —
— Oh ! vains projets conçus pour l’âge où l’espoir tombe
Instincts d’agonisant, préface de la tombe,
Parfois je vous envie, aux moments où, lassé,
Mon avenir me pèse autant que mon passé !