Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/187

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Après avoir souffert pour le devoir commun,
Pascal ou Lesueur, ou Racine, ou Lebrun,
Racontent aux vivants le consolant mystère
Des saints morts pour le Christ, du Christ mort pour la terre.
Ainsi je laisse aller mes heures jusqu’au soir,
Oubliant, contemplant, aspirant ; et l’espoir
Me ressaisit ; je rêve à la grâce féconde,
Et je crois tant à Dieu que je crois presque au monde.
Mais quand la nuit revient et laisse sur Paris
Courir la légion maudite des esprits,
Les cierges sont éteints ; plus d’orgue, plus de psaumes !
Le Verbe fuit mon sein qu’occupent des fantômes !
Où trouver une voix qui m’asservisse au beau,
Un astre familier qui veuille être un flambeau ?
Pour confesser, malgré cette chair tentatrice,
Paul et l’Alighiéri, Marie et Béatrice,
Pour être fort, pour être humain, pour être doux,
Il me faut une église encore !… Je vais à vous !


II


Oh ! le disciple ému vers son autel s’élance !
Par vos regards baissés et par votre silence,
Par ce front rougissant où la fière pudeur
Contient la passion et marque la grandeur,
Par cet accent profond et subtil, par ce geste
Majestueux toujours, quoique toujours modeste ;
Par ces discours d’un mot, par ces élans soudains,
Par l’active pitié qui se tourne en dédains,
En légère épigramme, en puissante colère,
Si quelqu’un devant vous rabaisse Lacordaire,