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A UNE PATRICIENNE



I


Je ne suis pas celui qui s’éprend des fontaines,
Des sables d’or, des lacs, des lueurs incertaines
Que l’aurore répand sur les bois, — et mon cœur
Ne s’éparpille pas dans les notes du chœur
Qu’avec ses fleurs, ses eaux et ses firmaments chante
La nature brutale, ironique et méchante.
Car l’esprit n’est pas là. L’univers cache Dieu,
Le décor ne dit rien du drame, et ce milieu
De rayons aveuglants, d’éphémère verdure,
Ne contient pas l’essence invisible et qui dure.
Aussi, les jours de lutte et d’ennui, si je vais,
Dolent, meurtri, navré d’avoir été mauvais,
Cherchant la foi qui sauve et l’art qui tranquillise,
Ce ne sont pas les champs qui me tentent. — L’église
Petite, et froide, et sombre, et sans tableaux au mur,
M’est d’un attrait plus haut et d’un pouvoir plus sûr.
Là tout parle ; la pierre est vivante ; le prêtre
Me convie à sa suite et me présente au maître ;
L’encens fait un plafond d’azur au monument,
Et, du sommeil des morts réveillés un moment,
Tendres comme un conseil, graves comme un exemple,
Les chrétiens assoupis sous le pavé du temple,