Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/214

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L’étoile n’a peur d’aucun gouffre,
La barque ne craint nul écueil ;
Je veux oublier que l’on souffre,
Reposer avant le cercueil.

Sans désir de l’heure future,
Sans regret des jours révolus,
Perds tes fièvres dans la nature,
O mon cœur, ne me brûle plus !




?


Près de moi se tenait une femme si douce
Que moins doux est un nid fait de plume et de mousse.
Le sourire dormait sur sa lèvre ; ses mains
Caressantes avaient des senteurs de jasmins ;
Ses bras semblaient promettre une étreinte profonde.
Elle était pâle avec la chevelure blonde.
Ni mouvement ni souffle. Un charme plein d’effroi
Tombait de son visage énigmatique et froid
Dont le calme regard eût dompté des athlètes.
Sur ses cheveux mouraient d’amour des violettes.
Je sentais s’abîmer tous mes fiévreux desseins
Dans l’espoir de dormir au tombeau de ses seins
Éternellement, sans rien rêver ni rien croire.
Dans sa coupe d’ébène elle m’offrait à boire ;
Et je ne savais plus, tant mon trouble était fort,
Si c’était ma maîtresse ou si c’était la Mort.