Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nul essaim bourdonnant de vagues éphémères
N’ose promener là ses jeux indéfinis.
L’air qui luit alentour s’emplit d’odeurs amères.
Les oiseaux dans les bois fuient en criant. Les mères
De leur vol inquiet enveloppent leurs nids.




COUCHANT


Le soleil disparaît dans son rouge brasier,
Et le fleuve qui dort sous l’arche des nuages,
Semble un champ noir coupé par des reflets d’acier.
Vénus rit dans un fond sinistre de feuillages.

Les bruits, les pas, les voix s’éteignent. C’est la nuit.
Le crépuscule blanc pâlit sur l’eau moirée,
Et l’ombre couvre tout de sa grande marée ;
Comme un vaisseau dans l’eau je sombre dans l’ennui.

Oh ! quand on n’aime plus, est-ce vivre que vivre ?
Quand les ans sont passés où le printemps enivre,
Vaut-il pas mieux mourir et s’en aller dehors ?

Qu’en dis-tu, ciel drapé d’immobiles tentures ?
Qu’en dites-vous, bois noirs, champs tristes,fleurs obscures ?
Vous tous, en qui revit la poussière des morts ?