Aller au contenu

Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




SONNET




Maîtresse, d’après toi je veux faire un pastel.
Des crayons de Latour je connais le manége ;
Tu deviendras marquise à la rose, à la neige,
Sur un trumeau doré de ton petit hôtel.

Quoi ! j’allais te farder… ô l’indécent mortel !
Farder ce front divin, vois-tu quel sacrilége !
Plutôt, trempons dans l’huile un pinceau de Corrége,
Pour te peindre en Madone, au-dessus d’un autel.

Non, ton corps est trop beau… viens poser pour le marbre,
Sois Vénus dans un parc, triomphe au pied d’un arbre…
Tu rougis, ma déesse oppose des refus.

Alors contentons-nous des dessins de ma plume ;
Mais je rendrai si bien les dessous du costume
Que l’avenir saura la belle que tu fus.


CHARLES CORAN.