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Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/91

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La lune à l’horizon, hort des nuages bruns,
Languissamment se lève et monte large et nue.
Sa lueur filtre et joue à travers le treillis
Des feuilles ; et par jets arrosant les taillis,
Caresse, en la sculptant dans sa beauté splendide,
Cette femme aux yeux noirs qui se tourne vers moi.
Enveloppée alors d’une auréole humide,
Elle approche à pas lents ; et plein d’un vague effroi,
Je sens dans ces grands yeux, dans ces gouffres sans flamme,
Avec de sourds sanglots sombrer toute mon âme.
Doucement sur mon cœur elle pose la main.
Son immobilité me fascine et m’obsède,
Et raidit tous mes nerfs d’un effort surhumain.
Moi qui ne sais rien d’elle, elle qui me possède,
Tous deux nous restons là spectres silencieux,
Et nous nous contemplons fixement dans les yeux.




DOLOROSA MATER


Quand le rêveur en proie aux douleurs qu’il active,
Pour fuir l’homme et la vie, et lui-même à la fois,
Rafraîchissant son âme au chant des cours d’eau vive,
S’en va par les prés verts, par les monts, par les bois ;