Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/119

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Ton âme était ivre d’aimer !
Plus belle que les plus beaux rêves,
Ta vie aux débordantes séves,
Toute neuve, allait s’enflammer :
Ton âme était ivre d’aimer !

Moi, c’était ma saison d’automne ;
L’âpre bise sifflait toujours ;
Et rapides tombaient mes jours
Comme la feuille tourbillonne :
Moi, c’était ma saison d’automne !

Ma gerbe était faite ici-bas,
Ma route presque terminée ;
Et, lasse au bout de ma journée,
J’allais & ne t’écoutais pas :
Ma gerbe était faite ici-bas !

J’avais eu ma récolte pleine,
Ce qu’à son pâle genre humain
Dieu jette le long du chemin :
Peu de joie & beaucoup de peine !
J’avais eu ma récolte pleine !


III


Non ! tu n’as pas fini d’aimer,
Ton âme est encor toute verte :