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ALBERT GLATIGNY

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BALLADE

DES ENFANTS SANS SOUCI


Ils vont pieds nus le plus souvent. L’hiver
Met à leurs doigts des mitaines d’onglée.
Le soir, hélas ! ils soupent du grand air,
Et sur leur front la bise échevelée
Gronde, pareille au bruit d’une mêlée,
À peine un peu leur sort est adouci
Quand avril fait la terre consolée :
Ayez pitié des Enfants sans souci.

Ils n’ont sur eux que le manteau du ver,
Quand les frissons de la voûte étoilée
Font tressaillir & briller leur œil clair.
Par la montagne abrupte & la vallée,
Ils vont, ils vont ! À leur troupe affolée
Chacun répond : « Vous n’êtes pas d’ici,
Prenez ailleurs, oiseaux, votre volée. »
Ayez pitié des Enfants sans souci.