Elle dit tout d’un coup : « J’étais hier au bal ;
Je portais en dansant ma robe violette ;
J’avais un éventail pailleté de métal ;
Je cachais des parfums de musc dans ma toilette.
On ne trouve donc plus parmi ses cavaliers
Quelqu’un que l’on attire à des offres discrètes ;
Je n’ai rien bu dans les bosquets particuliers,
À peine si l’on m’a roulé des cigarettes.
Ah ! les bals sont finis, & je pars volontiers.
J’ai quitté ce matin Paris pour la campagne ;
Je suis avec des gens qui font les canotiers ;
Ils vont à Bougival, & je les accompagne.
Hé ! vous, mes mariniers, quand viendra le dîner,
J’ai grand’peur du repas qu’on cherche à l’aventure,
Quel festin délicat me ferez-vous donner ?
Il ne me suffit pas d’avoir une friture.
Boirons-nous au dessert du champagne frappé ?
Quelque fine liqueur me sera-t-elle offerte ?
Pour vous suivre en bateau, mon jupon est trempé,
Et je vais me tacher en foulant l’herbe verte. »
Le fleuve où nous glissions, conduits par le courant,
Mêlait à ses fraîcheurs un parfum de la rive ;
Un vent léger sur l’eau passait, nous pénétrant
De quelque odeur de fleurs lointaine & pourtant vive.
Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/180
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.