Aller au contenu

Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ici, rien que la mer sans grèves,
Là, rien que l’ombre des agrès,
Rien à l’avenir que des rêves,
Rien au passé que des regrets !

La semaine suit la semaine,
Le flot que le flot submergea
Au gouffre, dans sa chute, emmène
Chaque heure qui sonne, & déjà

L’aube a d’éclatantes nuances,
Le soir des couchants orangés,
Flamboîments & phosphorescences
À nos ciels d’Europe étrangers.

Des formes d’astres inconnues,
Vaisseaux par Dieu même conduits,
Iles, perles ou fleurs des nues,
Brodent le bleu manteau des nuits.

Mais cette splendeur qui décore
Le vaste infini déroulé
Est d’un aspect plus triste encore
Aux yeux tristes de l’exilé.

Et la petite maison basse,
Frère, où sont ta mère & tes sœurs,
Pour ton cœur avait plus d’espace,
Pour ton regard plus de douceurs.