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LE PARNASSE CONTEMPORAIN.


Tu t’étends paresseuse, & le ciel tremblant semble
Descendre de là-haut pour dormir avec toi ;
Et, pendant que ton lit parfumé vous rassemble,
Tu chantes comme en rêve & sans savoir pourquoi !

Ah ! ce n’est pas assez d’être nubile & belle
Et d’étaler ainsi ton beau corps au soleil,
En gardant que le vent ne trouble d’un coup d’aile
Les frémissements doux de ton léger sommeil !

Il ne nous suffit pas d’entendre des bruits vagues,
Et l’Océan le sait, lui qui fait chaque jour
Retentir dans un choc de révolte ses vagues,
Pendant que tu souris, languissante d’amour !




L’ÂME


L’âme est en nous gênée, immobile, plaintive ;
Son aile est repliée, hélas ! & s’il arrive
Parfois que le regret du ciel éblouissant
La prenne, & que l’essor la tourmente, elle sent
Se rétrécir soudain la geôle accoutumée,
Et c’est comme un oiseau dans une main fermée.