Des perles encor mouillent son bras blanc.
Couchée en un lit de joncs verts & d’herbes,
Le sein ombragé d’un rameau tremblant,
Au bruissement des chênes superbes,
Aux molles rumeurs des halliers épais,
Non loin de la source elle rêve en paix.
Tandis qu’au rebord des souples lianes,
Sur son reflet nu se figent pâmés
Les flots du bassin, lèvres diaphanes,
Sous les noirs treillis au ciel bleu fermés,
Les yeux demi-clos, chargés de paresse,
Elle a renversé la tête, & caresse
D’un baiser brûlant & vague à la fois,
Le souffle lointain qui monte & qui passe,
Immense soupir amoureux du bois.
Et tout souvenir en son cœur s’efface.
Et sous le réseau des parfums flottants
Dans l’oubli des dieux, du monde & du temps,
Morte au vain souci du désir frivole,
En libres essaims de songes épars,
Son âme à travers les taillis s’envole.
Autour des buissons, sur les nénufars,
Ne bourdonne plus l’abeille assouvie,
Et partout s’éloigne ou s’endort la vie.