Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/329

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LA NOURRICE.

N’entendez pas ! Comment, sinon parmi d’obscures
Épouvantes, songer plus implacable encor
Et comme suppliant le dieu que le trésor
De votre grâce attend ! Et pour qui, dévorée
D’angoisse, gardez-vous la splendeur ignorée
Et le mystère vain de votre être ?

HÉRODIADE.

Et le mystère vain de votre être ? Pour moi.

LA NOURRICE.

Triste fleur qui croît seule & n’a pas d’autre émoi
Que son ombre dans l’eau vue avec atonie !

HÉRODIADE.

Va ! garde ta pitié comme ton ironie !

LA NOURRICE.

Toutefois expliquez : oh ! non, naïve enfant,
Décroîtra, quelque jour, ce dédain triomphant…

HÉRODIADE.

Mais qui me toucherait, des lions respectée ?
Du reste, je ne veux rien d’humain, &, sculptée,
Si tu me vois les yeux perdus aux paradis,
C’est quand je me souviens de ton lait bu jadis.

LA NOURRICE.

Victime lamentable à son destin offerte !