Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/335

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RÉSIGNATION


C’est une pauvre vieille, humble, le dos voûté.
Autrefois on l’aimait, on s’est tué pour elle.
Qui sait ? Peut-être un jour tu seras regretté
De celle qui dit : non, maintenant qu’elle est belle.

Elle aussi vieillira, puis l’ombre universelle
La noîra, comme toi, dans son immensité.
Il faut que les grands Dieux, pour leur œuvre éternelle,
Reprennent le bonheur qu’ils nous avaient prêté.

Nous sommes trop petits dans l’ensemble des choses ;
La nature mûrit ses blés, fleurit ses roses
Et dédaigne nos vœux, nos regrets, nos efforts.

Attendons, résignés, la fin des heures lentes ;
Les étoiles, là-haut, roulent indifférentes ;
Qu’elles versent l’oubli sur nous ; heureux les morts !