Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/358

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Nous nous marîrons ! quelle fête !
Et nous nous aimerons toujours ! »
La jeune fille, stupéfaite,
Se lève, & répond sans détours,

En retirant sa main pressée
Des mains du pâle enfant princier :
« Monseigneur, je suis fiancée,
Et j’aime Azo le gondolier. »

Il crie, une sanglante écume
Monte à ses lèvres dans l’effort ;
Le cœur brisé par l’amertume,
L’enfant s’affaisse & tombe mort.


IV


À Saint-Marc, l’église ducale,
Le fils du doge est enterré ;
Sa mère, sous la même dalle,
A rejoint l’enfant adoré.

Souvent auprès du mausolée
On voit dans l’ombre du pilier
Pleurer une forme voilée :
C’est la femme du gondolier.