Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/374

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Et que lui-même, ainsi que les saints archevêques
Et le Conseil, étaient fermement résolus
À ne rien entreprendre & ne protéger plus,
Dans ses possessions des mers occidentales,
Ceux qui s’entêteraient à ces courses fatales
Où s’abîma jadis Diego de Nicuessa.
Mais, à ce dernier mot, Pizarre se dressa
Et lui dit : que c’était chose qui scandalise
Que d’ainsi rejeter du giron de l’Église,
Pour quelques onces d’or, autant d’infortunés
Qui, dans l’idolâtrie & l’ignorance nés,
Ne demandaient, voués au céleste anathème,
Qu’à laver leurs péchés dans l’eau du saint baptême.
Ensuite il lui peignit en termes éloquents
La Cordillère énorme avec ses vieux volcans
D’où le feu souverain, qui fait trembler la terre,
Et fondre le métal au creuset du cratère,
Précipite le flux brûlant des laves d’or
Que garde l’oiseau Rock qu’ils ont nommé condor.
Il lui dit la nature enrichissant la fable ;
D’innombrables torrents qui roulent dans leur sable
Des pierres d’émeraude en guise de galets ;
Le maté fermentant aux celliers des palais
Dans des vases d’or pur pareils aux vastes jarres
Où l’on conserve l’huile au fond des Alpujarres ;
Les temples du Soleil couvrant tout le pays,
Revêtus d’or, bordés de leurs champs de maïs
Dont les épis sont d’or aussi bien que la tige,
Et que broutent, miracle à donner le vertige