Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/373

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II


Or, lorsqu’il toucha terre au port de San-Lucar,
Il retrouva l’Espagne en allégresse, car
L’Impératrice-reine, en un jour très-prospère,
Comblant les vœux du prince & les désirs du père,
Avait heureusement mis au monde l’infant
Don Philippe — que Dieu conserve triomphant —
Et l’Empereur joyeux le fêtait dans Tolède.
Là, Pizarre, accouru pour implorer son aide,
Conta ses longs travaux &, ployant le genou,
Lui fit en bon sujet hommage du Pérou.
Puis ayant présenté, non sans quelque vergogne
D’offrir si peu, de l’or, des laines de vigogne
Et deux lamas vivants avec un alpaca,
Il exposa ses droits. Don Carlos remarqua
Ces moutons singuliers & de nouvelle espèce
Dont la taille était haute & la toison épaisse ;
Même, il daigna peser entre ses doigts royaux,
Fort gracieusement, la lourdeur des joyaux ;
Mais quand il dut traiter l’objet de la demande,
Il répondit avec sa rudesse flamande :
Qu’il trouvait, à son gré, que le vaillant marquis
Don Hernando Cortès avait assez conquis
En subjuguant le vaste empire des Aztèques ;