Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/82

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Donc il est fort heureux que ta fille soit belle.
Fais-la venir.
Fais-la venir. — Jamais !
Fais-la venir. — Jamais ! — Je suis le maître : appelle
Ta fille.
Ta fille. — Elle est si jeune !
Ta fille. — Elle est si jeune ! — Obéis.
Ta fille. — Elle est si jeune ! — Obéis. — Dix-sept ans ! »
Et le Domn se prosterne, & supplie, & longtemps
Pleure sur les genoux que son bras faible entoure.
Parfois, comme cherchant quelqu’un qui le secoure,
Il jette des regards furtifs autour de lui ;
Mais les braves sont morts & les lâches ont fui.

« Ta fille ! crie encor le Khan mogol. Appelle
Ta fille, ou mes dix doigts à ton gosier rebelle
Arracheront un cri qui la fasse accourir ! »

Pendant qu’il parle, on voit une porte s’ouvrir.
Le seuil s’éclaire. Ayant derrière lui l’espace,
Les bois, les monts, le ciel où l’oiseau libre passe,
Et lumineux comme un divin justicier,
Quelqu’un est là, debout, dans un habit d’acier,
Appuyant les deux mains sur le bois d’une hache.

« Je suis le champion de ta fille, Éliache. »
Le vieillard le regarde & rit, les yeux mouillés.

« Toi ! » dit le Khan.