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Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/10

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Au bruit des heures que balance
La pendule de l’escalier,
Tu vas et tu viens en silence,
Faisant ton travail familier.

La fatigue est ton habitude ;
A l’œuvre dès le point du jour,
Tu donnes à la servitude
La forme auguste de l’amour !

O chère femme, ô sainte esclave !
Je te vénère avec pitié,
Toi dont la chaîne et dont l’entrave
Ne tiennent que le cœur lié !

Les souvenirs du premier âge,
De tout ce beau temps effacé,
Se lèvent, avec ton image,
Des profondeurs de mon passé.

Te souviens-tu de notre aurore ?
Te souviens-tu de la saison
Où la vie, au rire sonore,
Égayait toute la maison ?

Nous étions alors tous ensemble,
Le père et les enfants, heureux,
Et la mère qui toujours tremble,
Car l’amour est toujours peureux.