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MARC MONNIER

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I

A UNE FEMME


Quand vous voyez celui qui vous aime apparaître
Si courbé devant vous, le front si triste et bas,
Quand vous sentez sa vie attachée à vos pas…
Vous vous dites sans doute, en souriant peut-être :
Pourquoi m’aime-t-il donc, moi qui ne l’aime pas ?

Oh ! ne le plaignez pas ! Si fort qu’on lui résiste,
Si loin qu’on le repousse, il aime ses douleurs ;
Et dût-il être heureux, il n’irait point ailleurs :
Il ne voudrait jamais, fût-il cent fois plus triste,
Échanger votre paix contre un seul de ses pleurs.

Oh ! ne le plaignez pas de votre indifférence !
Quel port vaut la tempête, au vent libre, en pleine eau ?