Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/319

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Voyez mon cœur pareil à la cire fondue !
Secourez-moi, Seigneur ! dressez-vous dans vos cieux,
Vous qui pouvez, lâchant la grêle suspendue,
Faire à votre justice un chemin spacieux !

Les méchants sur leur seuil ont médité ma perte.
Je les ai vus. Ma chair en a sué d’effroi,
Et j’attendis en vain devant ma porte ouverte
Qu’un juste les quittât pour pleurer avec moi.

Plus nombreux que les poils sur une tête jeune,
Tous, avec des chansons joyeuses et des cris,
Sont venus, et m’ont fait, en raillant mon long jeûne,
Payer l’huile et le blé que je n’avais pas pris.

Quand vous aurez jugé de ma pleine innocence,
Selon la pureté, Seigneur, de mes deux mains,
Levez-vous contre ceux qui, depuis ma naissance,
En riant m’ont jeté les pierres des chemins.

Car c’est un jeu pour vous de tout réduire en poudre
Et de rompre les dents et d’ébranler les os,
Vous qui brisiez jadis, aux éclats de la foudre,
Les têtes des dragons sous les profondes eaux !