Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/442

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L’enseigne pend au mur où bourdonnent les ruches.
La nappe est mise. Holà ! qu’on apporte les cruches,
Nous boirons au bétail à l’ombre des lilas.




A LA BRESSE !


O mon petit pays de Bresse si modeste !
Je t’aime d’un cœur franc ; j’aime ce qui te reste
De l’esprit des aïeux et des mœurs d’autrefois ;
J’aime les sons traînants de ton langage antique,
Et ton courage simple, et cette âme rustique
Qu’on sent frémir encore au fond de tes grands bois.

J’aime tes hommes forts et doux, tes belles filles,
Tes dimanches en fête avec leurs jeux de quilles
Et leurs ménétriers assis sur un tonneau,
Tes carrés de blé d’or qu’une haie environne,
Tes vignes en hautins que jaunira l’automne,
Tes villages qu’on voit se regarder dans l’eau.

Tu n’as pas, il est vrai, ces allures hautaines
Qui frappent le vulgaire, et tes claires fontaines
Ne disent rien au cœur des foules, Dieu merci.
Sur la harpe ou la lyre on t’a peu célébrée,
Mais, telle que voilà, pauvre, simple, ignorée,
Sans atours ni façons tu me plais mieux ainsi.