Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/95

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Se tenaient à côté des portières ouvertes
D’où sortaient, de velours et d’hermine couvertes,
Des femmes au regard de glace, au front hautain.
Je vis descendre aussi, sur ce trottoir lointain,
Des vieillards abritant de lévites fourrées
Leurs poitrines de croix et d’ordre chamarrées,
Des prélats violets, un cardinal romain,
Enfin le monde altier du faubourg Saint-Germain.
Tous ces patriciens, aux grands airs durs et roides,
Se firent sur le seuil des politesses froides,
Puis, après maints saluts pour se céder le pas,
Entrèrent dans l’église en mettant chapeau bas.
Et, lorsque fut enfin la foule disparue
Et qu’il ne resta plus dans la petite rue
Que les carrosses lourds aux panneaux blasonnés,
En écoutant causer deux drôles galonnés,
Je sus qu’il s’agissait d’une prise de voile.

Ainsi c’est ton rayon suprême, ô pure étoile,
C’est, ô candide fleur, ton suprême parfum,
Qui réunissent là tout ce monde importun !
Que t’apporte-t-il donc ? Une pitié banale.
Lorsqu’offrant à Jésus ton âme virginale,
Tu viendras le front pâle et les membres tremblants,
Telle qu’une épousée en tes longs voiles blancs,
Lorsque tu jureras, d’une voix frémissante,
D’être pauvre toujours, chaste, humble, obéissante,
Et que tu sentiras un frisson dans tes os
Au froid contact, au bruit sinistre des ciseaux