Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/52

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Accourut entendant cela ;
Et pour conſoler l’affligée
Lui chercha les raiſons les meilleures qu’il put ;
Mais tout bon orateur qu’il fut
Elle n’en fut point ſoulagée ;
Et la belle toujours s’arrachant les cheveux
Faiſoit couler deux ruiſſeaux de ſes yeux,
Enfin vouloir mourir, la choſe étoit conclue.
Hé bien veux-tu que je te tue,
Lui dit-il ? volontiers. Lui ſans autre façon
Vous la jette ſur le gazon,
Obéit à ce qu’elle ordonne.
À la tuer des mieux apprête ſes efforts,
Leve ſa juppe, & puis lui donne
D’un poignard à travers le corps.
On a grande raiſon de dire
Que pour les malheureux la mort a ſes plaiſirs ;
Jeanne roule les yeux, ſe pâme, enfin expire,
Mais après les derniers ſoupirs
Elle remercia le ſire.
Ho ! le brave homme que voilà ;
Grand merci, Jean, je ſuis la plus humble des vôtres ;
Les tuez-vous comme cela ?
Vraiment j’en caſſerai bien d’autres.