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Page:Le Passe-temps et le parterre réunis, année 27n n° 29, 16 juillet 1899 (extrait).djvu/4

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Tout jeune, auteur et acteur, un artiste, un convaincu, original et déconcertant. J’en parlerai ailleurs. Il se donne, il se donne tout entier, plus que si le public était là pour l’applaudir. Et il joue !… Ah ! ce fou qui ne croit plus l’être et qui l’est encore ! ces sourires convulsés et ces yeux d’éclair, cette terrifiante gaîté, la sauvage secouée de cette chevelure, et cette rage qui ne crie pas mais qui rugit, cette rage bestiale de l’homme qui va tuer ou qui va violer…

« Ah ! nom d’un chien ! » Ça l’l’emballe cette passionnée Laparcerie. Elle envoie promener sa brochure. « Tant pis si les mots n’y sont pas, le mouvement, je veux être dans le mouvement ! »

Et farouche, sa voix gronde, sa poitrine halète, sa pâleur brune pâlit, ses larges yeux s’élargissent.

Ah ! comme on a raison de l’acclamer et de la prôner ! ou l’appeler déjà Cora, comme on dit Sarah !…

Ils ont une joie, les deux grands artistes Laparcerie et Sévérin-Mars, si pareillement passionnés, à vibrer de la même façon, et ils s’admirent d’un même élan :

« Vous jouez rudement bien ! — Ah ! vous êtes épatant ! »

Émotion d’un instant. Et puis Laparcerie redevient la folle Cora, bonne fille ou plutôt bon garçon : « Si qu’on boirait ?… Voilà de la bière !… Et les verres ?… Où diable sont