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Page:Le Passe-temps et le parterre réunis, année 27n n° 29, 16 juillet 1899 (extrait).djvu/3

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« Ma fille ?… Elle est rentrée du théâtre à une heure, des leçons tout le matin, à peine le temps d’avaler un morceau, une lecture et la voilà qui part pour la répétition. C’est à en perdre la tête ! »

Dans le salon, debout, prête à sortir, Mlle Laparcerie me reçoit. Brune et pâle comme sa mère, grande sans l’être trop, bien faite, un visage intéressant, sensitif, des bandeaux plaqués sur le front, coiffure un peu garçonnière qui lui va, de larges yeux rayonnants d’intelligence. Et puis très simple, très aimable, très à la bonne franquette.

« Un rôle ?… Certainement !… Ah ! pour lundi !… Et nous sommes mardi, et samedi il y a une première à l’Odéon… C’est embêtant… Enfin ! si ça me plaît, zut !… Je le prends ! »

Et, en voiture, comme ça, tout de suite, c’est lu, compris, accepté. « Le droit de tuer, c’est violent, audacieux, brutal, ça me dit, ça me dit tout à fait ! Allons, Cora, ma fille, pas de flemme et vas y ! »

Et tous les jours, avec courage, avec acharnement on répète. Dans le grand salon frais et calme, on a écarté les fleurs qui figurent — ô poésie ! — le public. Mlle Laparcerie est assise, sérieuse, sa brochure à la main, elle lit très vite, d’un ton monotone, elle veut d’abord comprendre, réfléchir. De temps en temps elle rage : « Ah ! flûte, je joue comme un pied ! »

Mais voici la scène où le mari qui sort de la maison de fous, à peine guéri, rentre chez sa femme. Le mari, c’est Sévérin-Mars que nous avons vu au Grand-Guignol dans « Lui ! » et au Nouveau-Théâtre dans « La dernière soirée de Georges Brummel ».