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LA CHRONIQUE SCANDALEUSE OU PARIS RIDICULE[1].




  1. Loing d’icy, Muse serieuse,
    Va-t’en chercher quelqu’autre employ !
    Je n’ay aucun besoin de toy,
    Tu ne peus m’estre que fascheuse :
    Va-t’en, je seray satisfait !
    En deux mots, tu n’es pas mon fait.
    J’en veux quelqu’autre qui m’inspire
    De quoy contenter mon desir,
    Et par une bonne Satyre
    Estriller Paris à plaisir.




  2. Va, dis-je, ou le Diable te gratte !
    Car je ne veux pas faire un vers
    Sur tant de beaux sujets divers,
    Que pour m’espanouïr la ratte :
    Je ne veux faire des placards,
    Que pour les remplir de brocards.
    Qu’on rie ou jure, il ne m’importe,
    Qu’on n’y veüille pas consentir,
    Je feray tousjours de la sorte,
    Quand je voudray me divertir.


  1. Nous avons donné de préférence le texte de l’édition de 1668, mais il est corrigé quelquefois avec l’édition de 1672 (voir Bibliographie).
    Dans la réimpression de 1713, le poème commence par la strophe suivante :
    Jadis Saint-Amant, par caprice.
    Ouvrons les yeux à gauche, à droit,

    Mit Rome en son plus vilain jour ;
    Que tout passe par l’étamine !

    J’en veux à Paris à mon tour :
    N’épargnons ni places ni lieux.

    Muse, ne fais point la Novice ;
    N’épargnons palais ni cuisine,

    Mettons-nous dans un bon endroit,
    N’épargnons ni Diables ni Dieux.


    Cette strophe ne doit pas être de Claude Le Petit ; six vers sur dix se retrouvent en effet dans la strophe LXXXVIII. — Saint-Amant est l’auteur de la Rome ridicule, s. l., 1643.

    Les « Diables » du dernier vers désignent les partisans, les maltotiers et gens de loi, les « Dieux » : le roi, les ministres, et autres grands seigneurs (de Blainville).