Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/188

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  1. Viens donc à moy, Muse berneuse,
    Non pas d’avoir chié sous toy,
    Car je ne voudrois pas, ma foy,
    Avoir pour guide une breneuse :
    Mais toy qui sçais l’art d’abaisser
    Tous les plus fiers, et les gausser,
    Par un trait de ta raillerie.
    Fais que je puisse un peu berner
    Celle qui a l’effronterie
    D’oser mesme les Dieux braver[1].




  2. Monstrons que, si bien qu’on calcule,
    On ne verra point sous les cieux
    Aucun de tous les plus beaux lieux,
    Que nous ne rendions ridicule[2] :
    De grâce, faisons un peu voir
    Jusques où va nostre pouvoir,
    Quand une fois on nous irrite ;
    Faisons enfin connoistre à tous
    Que l’homme du plus grand mérite
    N’oseroit s’adresser à nous.




    paris.

  3. Bernons cette vieille bicoque.
    D’un vif et d’un picquant pinceau ;
    Voyons tout ce qu’elle a de beau,
    Afin qu’avec toy je m’en mocque :
    N’espargnons point ce beau Paris,
    Je m’en gauberge et je m’en ris,
    Je raille tout ce qu’il peut faire ;
    Et s’il ne perd de son crédit,
    Dy hardiment, Muse sevère,
    Que c’est un sot qui te l’a dit ?


  1. P. Lacroix a pensé que les trois derniers vers avaient été altérés par le copiste, il les a rétablis de la sorte : Fais que je puisse un peu baver | Sur celle dont l’effronterie | Ose mesme les Dieux braver.
  2. L’exemple de Claude Le Petit a été suivi par Pierre Le Jolie : Description de la Ville d’Amsterdam en vers burlesques, 1660 ; par le baron de Walef, Les rues de Madrid, 1731 ; Varsovie ridicule d’un auteur inconnu, etc., etc.