Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/190

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les courtisans.

  1. Ces beaux Messieurs qui se promeinent
    Dans cette Cour autour de nous,
    Sont-ils exempts de ton courroux ?
    Regarde comme ils se demeinent[1] !
    Ces honorables espions,
    Ces attrapeurs de pensions,
    Qui vont débitant la nouvelle[2],
    Méritent bien je ne scay quoy ;
    Mais comment leur faire querelle ?
    Ils sont sur le pavé du Roy[3].




    les chevaliers du saint-esprit.

  2. Disons donc un mot de ces autres
    Qui font, ensemble en peloton,
    Bande à part dedans ce canton :
    Disent-ils là leurs patenôtres ?
    Ces vénérables Cordons bleus
    Font bien, avec leurs habits neufs,
    Les fiers parmy ces hallebardes ;
    Ont-ils peur, ces Sires nouveaux,
    Que le Diable emporte leurs hardes,
    Qu’ils font des croix à leurs manteaux[4] ?




    le roy.

  3. Sur cette espineuse matière,
    N’en disons guère, et qu’il soit bon :
    J’apperçois Loüis de Bourbon,
    Gaignons la porte de derrière[5] ;
  1. Var. de 1713 : Muse, voi comme ils se démènent.
  2. Id. 1672 : Qui débitent de la nouvelle. — 1713 : Qui débitent là la nouvelle.
  3. Il est défendu, sous de très rigoureuses peines, de se quereller dans les Maisons royales : y tirer l’épée est un crime capital, et le Roi fait exécuter ses Édits avec trop de rigueur, pour que quelqu’un ose y contrevenir. Il n’a jamais pardonné à aucun qui se soit battu en duel, de quelque qualité ou condition qu’il pût être ; et c’est à cela que le poète fait allusion (de Bl.).
  4. Variante Tableau Richelieu-Mazarin : Qu’ils ont des Croix… — Paul Lacroix suppose que cette strophe fait allusion à la grande création de soixante-deux chevaliers du Saint-Esprit en 1661.
  5. Var. de 1672 : Gagner la porte de derrière.