Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/189

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le louvre.

  1. Vois, Muse, comme il se descouvre,
    Pensant nous esbloüir les yeux,
    Ce grand bastiment neuf et vieux,
    Qu’on appelle aujourd’huy le Louvre :
    Vois-tu ces murs si mal rangez,
    Par l’antiquité tous rongez,
    Ces chambres, cette gallerie[1] ?
    C’est là que Dame Volupté
    Fait une infâme fripperie
    Des juppes de grand’ qualité[2].




  2. Vois sur cette aisle-cy l’ardoise.
    Et sur cette autre-là le plomb[3] ;
    Regarde un peu ce pavillon
    Plus court que l’autre d’une toise[4] ;
    Admire ces compartimens,
    Ces reliefs, ces soubassemens,
    Cette façade, et ces corniches ;
    Rien n’y manque, hormis d’y graver,
    Au-dessous de toutes les niches :
    Maisons à loüer pour l’hyver[5].


  1. Cette galerie fut brûlée en 1661. Paul Lacroix fait observer que le Louvre présentait alors un pêle-mêle confus de bâtiments de toutes les époques : on y voyait une grosse tour de Philippe-Auguste et plusieurs vieilles tours du manoir de Charles V, à côté du palais magnifique commencé sous François Ier et Henri II d’après les plans de Pierre Lescot, continué par Androuet Du Cerceau et par Dupérac, architecte de Charles IX et de Henri IV, et augmenté par Jacques Le Mercier pendant le règne de Louis XIII. Mais aucun travail d’ensemble n’avait été fait encore, quoique projeté plusieurs fois, pour mettre d’accord entre elles toutes les parties du Louvre qui devaient être conservées. C’est dans les dessins d’Israël Silvestre qu’il faut voir l’aspect du Louvre en 1660.
  2. Ces six premières strophes manquent dans la réimpression de 1713.
  3. Var. de 1672 : Ceste aisle est couverte d’ardoise | Cette autre est couverte de plomb | Vois-tu ce pauvre pavillon | Plus court… — 1713 : Louvre, couvert moitié d’ardoise | Et moitié couvert de vieux plomb | D’où vient qu’on voit ce pavillon.
  4. Ce pavillon est sans doute celui qui regardait le quai et avoisinait la galerie dite d’Apollon, moins haut que celui à dôme quadrangulaire qui s’élève au-dessus de l’aile de l’ouest (A. Bonnardot). — En 1660 ou 1661, la construction de la grande façade n’était pas encore commencée, d’après les plans de Claude Perrault (P. L.)
  5. Parce que la Cour n’y demeure plus, comme elle faisoit sous les autres rois de France (de Bl.).