Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/194

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    Faite en forme d’huistre à l’escaille,
    Quoy qu’on en dise, on vous voit là[1] ;
    Un habit de pierre de taille
    Vous siéroit mieux que celuy-là[2].




    la grande escurie.

  1. Grande Escurie[3], en ce grimoire
    Chacun sçaura ce que tu vaux :
    Tu n’as que cinq ou six chevaux,
    Les autres sont-ils allez boire ?
    Non, taisez-vous, dame Alizon[4],
    Contre le Prince, sans raison,
    Vous tournez tout en raillerie.
    Qu’importe à ce grand Potentat
    Qu’il en ait dans son Escurie,
    Il en a tant dans son Estat[5] !


    les quinze-vingts.

  2. Hospital plein de testes creuses,
    Où les borgnes sont des soleils,
    Où tous les objects sont pareils.
    Et les lumières tenébreuses :
    Que ton illustre fondateur[6],
    Loin d’aller pour le Redempteur
    Perdre sa vie et sa pecune,
    Eut fait de miracles divins,
    S’il eut enrôlé la Fortune
    Au nombre de ses Quinze-Vingts !


  1. Var. de 1672 : Quoy qu’on en dise, le voilà. — 1713 : Quoy qu’on en dise, vous voilà.
  2. Var. de 1668 : Vous feroit mieux que celuy-là. — 1672 : Te siéroit mieux que celuy-là.
  3. La Grande Écurie était située entre la rue Saint-Honoré et l’emplacement actuel de la rue des Pyramides (P. L.).
  4. Type proverbial de la petite bourgeoise bavarde et curieuse, mise en scène dans une comédie de Discret (1637) (P. L.).
  5. Les manières des François paroissent un peu trop libres aux autres nations, surtout aux Italiens, qui les appellent, à cause de cela : Matti da Cavallo et Mezzo-Matti (de Bl.).
  6. Louis IX, entre deux croisades, fonda les Quinze-Vingts pour trois cents pauvres aveugles.