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Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/198

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  1. Tous ces petits throsnes de toile[1],
    Où pendent tant de panonceaux,
    N’expriment pas mal sur les eaux
    La flotte d’Espagne à la voile ;
    Que de cercles et de pacquets,
    Que de caques et de baquets,
    Que de barriques à dos d’arche[2] !
    Un camp ne fut mieux retranché,
    Et tant plus dans ce lieu je marche,
    Moins je le prends pour un marché.




  2. C’en est un pourtant, je me trompe ;
    Je le cognois bien maintenant,
    Car j’y vois tromper le manant,
    Avec magnificence et pompe.
    Je vois vendre à l’entour de moy,
    Sans police et sans bonne foy,
    À faux poids et fausse mesure ;
    Je vois maquignonner chacun,
    Je suis à my-jambe en l’ordure ;
    Je n’en doute plus, c’en est un !




  3. À la bonne heure pour la France,
    À la bonne heure aussi pour nous,
    Pourveu que Messieurs les filous
    Ne nous lanternent point la gance[3] !
    Çà, rions-en tout nostre soul.
    Mais non, ne faisons point le fou ;
    Retirons-nous, et sans satyre,
    Faisons place à qui veut rester :
    On ne vient pas icy pour rire,
    On vient icy pour acheter[4].


  1. Var. de 1668 : Tous ces petits throsnes d’estoile.
  2. Id. : Que de laques et de baquets ? | Et que de barques à dos d’arche. — 1672 : Que de boëttes, que de bouquets, | Que de huttes, que de baquets, | Que de barriques… — 1693 : Que de cercles et de paquets, | Que de caques et de baquets, | Que de barrates à dos d’Arche.
  3. Ce quartier étoit autrefois fort fréquenté par les filous, qui y coupèrent bien des bourses (de Bl.).
  4. Var. de 1672 : Mais on y vient pour achepter. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : On n’y vient que pour acheter.