Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/197

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    Vieil Jeu de Paulme desguisé[1],
    Bordel public Royalisé,
    Hostel, dans cette estrange terre,
    Si de toy seul je dis du bien,
    C’est à la charge qu’au parterre
    J’entreray désormais pour rien[2].




    la halle.

  1. Nous ne sçaurions nous en desdire,
    Il faut passer par ce marché,
    Et bien ou mal enharnaché,
    Dire en passant le mot pour rire.
    Je suis dans la plus belle humeur,
    Qu’aye jamais esté Rimeur[3],
    De berner cette Foire immonde[4],
    Mais quand j’en dirois haut ou bas
    Les plus belles choses du monde,
    Personne ne m’entendroit pas[5].




  2. Fut-il jamais clameurs pareilles[6] ?
    Si le Ciel n’a pitié de moy,
    Je deviendray sourd, par ma foy,
    En despit de mes deux oreilles :
    Chacun parle et nul ne respond,
    Chacun se mesle et se confond[7].
    Tout marche, tout tourne, tout vire.
    Après cela, Père Eternel,
    Qui ne croira, dans cet Empire[8],
    Le mouvement perpetuel ?


  1. La plupart des théâtres, à cette époque, avaient été des jeux de paume et pouvaient être rendus à cet usage (P. L.).
  2. Le prix d’entrée au parterre était de quinze sols (P. L.).
  3. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Que l’on ayt jamais vû rimeur.
  4. Id. de 1672 : Pour loüer cette Foire immonde.
  5. Id. : Le Diable ne m’entendroit pas. — 1713 : Dieu même ne m’entendrait pas.
  6. Vieux chapeaux à vendre ! Les vendeuses de ce quartier sont assez connues sous le nom de Haraugères des Halles (de Bl.).
  7. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : L’on n’entend rien, l’on se confond.
  8. Id. de 1672 : A-t-on jamais rien veu de tel | Puisqu’on trouve icy, c’est tout dire.