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LE BORDEL DES MUSES
tour nostre-dame.
- J’auray tousjours dessus mon âme[1]
De la rancune contre toy ;
Muse, si tu m’aymes, suis-moy,
Montons sur la Tour Nostre-Dame[2] :
Nous allons rire comme il faut,
Nous sommes desjà presque en haut[3],
Faisons desnicher les choüettes[4].
Dieu soit loué ! nous y voicy !
Je croy qu’on verroit sans lunettes[5]
Le bout de l’univers, d’icy.
- Ha ! que de nids d’oyseaux farouches !
Que de Hibous et de Choucas !
Les gens ne paroissent là-bas
Pas plus gros que des pieds de mouches :
Je voy des clochers, des maisons,
Des habitacles, des cloisons,
Et des giroüettes sans nombre.
Qu’icy l’air est à bon marché,
Et qu’il dort de bestes à l’ombre,
Lors que le Soleil est couché !
- Non, je n’aurois jamais peu croire
Que Paris eust été si grand ;
Plus je le voy, il me surprend,
Par le trou de mon escritoire,
Rome, Londres, Naples, Madrid,
Cologne, Gand, Vailladolid,
- ↑ Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : J’aurois toûjours dessus mon âme. — 1713 : J’auray tousjours au fond de l’âme.
- ↑ Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Montons sur les tours Nôtre-Dame. — 1713 : Montons les tours de Notre-Dame. Il y a près de quatre cens degrés à monter, avant qu’on soit parvenu au haut de ces tours. On y a une très belle vue de Paris et de ses environs. Paris est la plus grande ville de l’Europe après Londres… : mais Paris est plus peuplé… (de Bl.).
- ↑ Var. Tabl. Rich.-Maz., 1672 : Nous voilà déjà presqu’en haut.
- ↑ C’est le vers de 1672 ; 1668 donnait : Faisons dénicher ces choüettes.
- ↑ Var. de 1672 : Je crois qu’on peut voir sans lunettes. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Je crois que l’on voit sans lunettes.