Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/211

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    Si l’on nous trouvoit sur le fait,
    L’on jetteroit sur ce pourtraict
    De très-dangereuses œillades ;
    Pour estre en lieu de seureté,
    Allons visiter les malades,
    C’est une œuvre de charité[1].




    l’hostel-dieu.

  1. Est-ce icy, Muse (que t’en semble ?)
    L’Arche de Noë tout pourveu[2] ?
    Ma foy, je n’ay jamais tant veu
    De bestes et de gens ensemble ;
    Que de lits de toutes couleurs,
    Que de frères et que de sœurs,
    Que de poüilleux et de canaille !
    Mais qu’il y pue ! sortons d’icy !
    Mon grand nez ne sent rien qui vaille,
    Je crois que quelqu’un a vessy[3].




    nostre-dame.

  2. Voilà la Metropolitaine.
    Le siège de l’Archevesché.
    Si ce n’estoit point un peché,
    Je luy friperois sa mitaine ;
    Ce monstre à jambes d’eléphans,
    Qui fait peur aux petits enfans,
    Meriteroit cent croquignolles[4] ;
    Mais pourquoy s’en prendre au quidam ?
    Dieu deffend d’avoir des Idoles :
    Si Paris en dresse, à son dam !


  1. Israël Silvestre a dessiné et gravé, vers 1655. une vue de l’Hôtel-Dieu et de Notre-Dame de Paris. On lit ces quatre vers, au bas de cette estampe : D’un costé vous voyez l’édifice admirable | Où la Mère de Dieu reçoit nostre oraison | Plus loin, vous descouvrez l’Hospital charitable | Où les membres de Dieu cherchent leur guérison (P. L.).
  2. Var. ms. : L’Arche de Noé, tout revenu.
  3. C’est le texte, pour ce vers, de 1672 ; l’éd. de 1668 donne : Ce n’est qu’une peine cecy.
  4. Var. de 1672 : Ce monstre à jambe d’éléphant | Qui porte ce petit enfant | Mériteroit cent broquenolles. — Allusion à la statue de Saint-Christophle dressée contre le premier pillier de Nostre-Dame (note du Tabl. Rich.-Maz., 1693).