Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/222

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    Mes souliers, mes bas, mon manteau,
    Mon colet, mes gands, mon chapeau,
    Sont passez en mesme teinture ;
    Et dans l’estat où je me voy,
    Je me prendrois pour une ordure,
    Si je ne me disois : c’est moy !




  1. Il n’est ordure icy qui tienne,
    Morbieu ! fange d’estron molet,
    Pour satisfaire mon valet,
    Il faut qu’il vous en ressouvienne !
    Elixir d’excremens pourris,
    Maudites crottes de Paris,
    Bran de damnez abominables,
    Matière fécale d’Enfer,
    Noires gringuenaudes du diable[1],
    Le Diable vous puisse estouffer !




    fondation de paris.

  2. À propos de fange et de bouë[2],
    Faisons commemoration
    De l’auguste fondation[3]
    Du village que je bafouë :
    Ce fut avec ce beau mortier.
    Que tous les experts du mestier
    L’ont fait unique en son espèce ;
    Il a beau faire le coquet,
    Son nom de baptesme est Lutèce,
    Et Paris n’est qu’un saubriquet[4].


  1. Ce texte pour ces 3 vers est celui de 1672 ; 1668 donne : Brain de damnez abominables | Noire fécalle de l’Enfer | Noire gringuenaude du diable. — Gringuenaudes : Reste de merde, qui s’attache au poil du fondement (Tabl. Rich.-Maz., 1693).
  2. Var. de 1713 : Je veux commencer par la boue.
  3. L’origine de Paris est presque aussi bourrue que celle de Rome. Du temps que les Romains entrèrent dans les Gaules, Paris étoit une ville considérable connue sous le nom de Lutetiæ Parisiorum… L’île du Palais, qu’on nomme la Cité, est la véritable ancienne Lutetia. C’est le quartier le plus bas et le plus bourbeux de tout Paris (de Bl.).
  4. Surnom injurié tiré de quelques deffauts personnels (Tabl. Rich.-Maz., 1693).