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mière par Boulay (de la Meurthe) et les autres légistes des pays à familles instables. Il en vint à se persuader qu’en présence des passions politiques issues de la révolution, il fallait continuer, sauf certains correctifs, le système de la Terreur. Sous le régime conçu pendant l’élaboration du Code civil et complété dès le début du premier Empire, la transmission des biens était soumise à un double système de contrainte[1]. Le partage forcé des héritages continuait à détruire les familles-souches de tout rang. Le droit d’aînesse, institué par l’Empereur, sous le nom de majorats, en faveur de certaines notabilités dévouées à son gouvernement devait improviser une classe riche de familles-souches et assurer au nouvel ordre social la stabilité et l’éclat. Ce système n’était pas seulement contraire à la raison et à l’équité il froissait à la fois les meilleures aspirations de 1789, les préjugés de la révolution et l’inclination naturelle du premier Consul. On serait tenté de croire que les gouvernants tombèrent par ignorance dans les erreurs du nouveau régime, si l’Empereur lui même n’en avait signalé les conséquences avec une précision et une énergie à laquelle on ne saurait rien ajouter[2].

  1. Voir un précis sommaire sur l’histoire des régimes de succession de la France. (La Réforme sociale, 23, IV à VI.)
  2. « Mon frère, je veux avoir à Paris cent fortunes, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables ;