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cellents modèles au législateur, si les vraies réformes s’accomplissent avant que l’œuvre de destruction soit achevée[1].

§ 16

LE PAYSAN FRANÇAIS À FAMILLE-SOUCHE, ENNOBLI PAR CENT QUARTIERS DE TRAVAIL ET DE VERTU

Les paysans du Lavedan, en gardant les mœurs des Basques (§ 14), ont résisté mieux que nos autres races de petits propriétaires aux contraintes exercées, sous l’influence du Code civil, par les agents du Partage forcé. Guidés par la coutume qui, depuis vingt-cinq siècles, conserve dans

    m’a raconté, en 1833, une anecdote qui révèle à ce sujet la profondeur des convictions de nos voisins. Au congrès de 1815, ceux-ci ne comprenant pas, comme ils l’ont pu faire depuis, que le maintien de la puissance de la France est un intérêt européen, insistaient pour qu’on restreignit nos frontières du XVIIe siècle. Le diplomate anglais n’ayant pu obtenir à cet égard tout ce qu’il désirait, et se reportant par la pensée au principe dissolvant de notre loi civile, laissa échapper cette exclamation : « Après tout, les Français sont suffisamment affaiblis par leur régime de succession ! »

  1. On ne saurait trop recommander de lire et de méditer les admirables modèles que M. de Ribbe a décrits d’après les documents originaux. Ces exemples témoignent à la fois combien était utile l’institution des Livres de raison, et combien serait fécond pour la famille un retour à cette antique coutume. (Voir surtout : Ch. de Ribbe, le Livre de Famille et Bulletin de la Société d’économie sociale, t. VI, p. 161 : Les Livres de raison et leur rétablissement dans la coutume des familles comme moyen de réforme, par M. Ch. de Ribbe.