Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/132

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toute sa pureté la race héroïque des Euskes (§9), ils ont porté leurs familles-souches à un degré de perfection qui, à ma connaissance, n’a été atteint dans aucune autre région de l’Europe. Ces énergiques paysans ont maintenu jusqu’à ce jour, dans leurs sept petites vallées (§ 17), les traditions qui, sur l’autre versant des Pyrénées, restent intactes dans les pays basques, la Navarre et la Catalogne. Ils jouissent complètement des quatre avantages inhérents à la meilleure organisation de la famille (§ 15).

En effet, en conférant autant que possible l’héritage à leur fille aînée, les propriétaires du Lavedan prolongent pendant vingt-cinq ans au moins la période de fécondité de chaque génération. Ils se gardent de tuer la poule aux œufs d’or de la famille, c’est-à-dire d’abroger, en morcelant le foyer et le domaine, leurs habitudes de travail et de vertu pour doter leurs nombreux enfants, ils ne mettent point en lambeaux l’œuvre des ancêtres mais ils partagent équitablement, entre tous les rejetons de la vieille souche, tout le produit net du travail commun ; ils conservent ainsi à la France l’un de ces foyers d’émigration riche[1] qui se sont éteints dans les autres provinces, en Nor-

  1. Les Ouvriers européens, t. III, ch. iv, § 19, sur l’heureuse expansion des paysans à familles-souches ; t. IV, ch. ii,§ 20, le morcellement exagéré et l’émigration pauvre. La réforme sociale, 39, V.