Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/310

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tumes ; mais, chose singulière, quoique l’avantage qui pût en résulter fût sensible sans présenter nul inconvénient, elle trouva d’abord une forte résistance parmi les gens illettrés, et c’était le plus grand nombre. « Nés sous l’ancienne Coutume, ils voulaient, disaient-ils, y mourir, et la transmettre à leurs enfants, telle qu’ils l’avaient trouvée sur ce point[1]. » Il est difficile, continue Noguès, de détruire des idées qui tiennent à l’habitude et au préjugé. J’y parvins en proposant un tempérament bien simple et propre à satisfaire les différents goûts ; il consistait à donner aux pères et mères la liberté de disposer, et à laisser subsister l’ancienne Coutume à l’égard de ceux qui mourraient intestats ; en sorte que, dans ce dernier cas, le premier-né serait héritier. Ce parti réussit. »

Malgré cette violence morale, faite par un avocat de parole et de plume à la rude simplicité des paysans, ils usèrent peu de la faculté qu’on leur octroyait ainsi. L’idée d’aînesse est tellement restée dans les mœurs que, même aujourd’hui, lors du mariage de leur premier-né, les parents, comme on l’a vu plus haut, ne manquent pas de lui constituer par contrat, à titre de préciput, le quart ou le tiers des biens, c’est--

  1. Le montagnard basque est tout entier dans cette réponse, dont Noguès, malgré son parti pris, n’a pu affaiblir la vigueur.