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triste niveau de ces familles instables, où les vieux parents ne sont plus considérés que comme un fardeau, et sont soumis à ces souffrances physiques et morales dont plusieurs auteurs ont tracé l’effrayant et malheureusement trop véridique tableau[1].

La famille Mélouga était restée, jusque dans ces derniers temps, comme un spécimen attardé d’une puissante et féconde organisation sociale ; mais elle a dû subir, à son tour, l’influence de la loi et des mœurs, qui l’avaient épargnée grâce à un concours exceptionnel de circonstances favorables.

Le Code fait son œuvre ; le nivellement progresse la famille-souche se meurt, la famille-souche est morte.

Pendant que cette œuvre s’accomplit chez nous, sans entraves, aux applaudissements du plus grand nombre, et qu’elle précipite même sa marche en vertu de sa vitesse acquise (vires adquirit eundo), les autres pays mieux avisés opposent à l’envi des obstacles à l’excès du morcellement, et s’attachent du moins à mettre à l’abri des atteintes cette portion du domaine, qui, étant exactement proportionnée aux forces et aux besoins de la famille, fournit à tous ses

  1. Voir Organisation du travail, Document annexé A, p. 493, 497.