Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/343

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qui contrastent désagréablement avec l’insouciance et l’enjouement ordinaires à cet âge. Leurs parents ne répriment ni leurs propos ni leurs relations, et leur présence n’empêche ni les expressions grossières ni les chansons équivoques, seules lectures d’ailleurs qui se fassent à la maison.

L’union a toujours régné dans le ménage des époux J*** N***. Les seules discussions qui aient lieu quelquefois sont relatives aux dépenses à faire. Il semble au chef de la famille que les frais d’habillement, d’ameublement, etc., peuvent toujours se reculer ou se restreindre. La femme, tout en partageant les idées de son mari, tient à ce que ses fils soient vêtus et se récréent comme leurs camarades elle se voit obligée de lui cacher une partie des produits de la basse-cour et de le tromper sur le prix des vêtements. C’est ainsi que les enfants ont pu, pendant des mois entiers, se faire donner des leçons de danse. Cette vie qui s’écoule dans l’isolement, ces idées sans cesse dirigées vers le travail et le lucre, l’orgueil de se sentir indépendant et de pouvoir se passer de tout secours étranger, donnent au chef de cette famille des habitudes peu sociables. Dans les ouvriers de ce rang, on ne rencontre jamais de relations amicales entre voisins, ni d’actes de complaisance mutuelle : chacun pour soi, chacun chez soi, telle est leur devise.