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tile, ce régime ne se prête ni à l’élevage des fortes races d’animaux, ni aux nouvelles méthodes d’agriculture fondées sur l’emploi des machines. Il ne se concilie pas davantage avec le développement des idées morales et des sentiments qui font la force des grandes nations. Les divers membres d’une même famille ne sont point unis par l’esprit de solidarité. Ils poussent séparément leur fortune, et parfois ils se combattent. Là, comme partout, les parents se dévouent au bonheur de leurs enfants ; mais ils sont rarement payés de retour. La stérilité des unions, la convoitise des héritages, la rivalité des héritiers sont les traits caractéristiques de cette forme de société. Dans ces conditions, les fils elles gendres se montrent souvent enclins à mépriser, à dépouiller et maltraiter leurs vieux parents. Ce genre de désordre est plus blessant pour le sens moral que l’abandon pur et simple des vieillards, par certaines races sauvages, aux époques de disette ou de migration. Cependant il est habituel en France, surtout dans les villages à banlieue morcelée ; et il est fréquemment signalé de nos jours par les poètes, les moralistes et les hommes d’État[1].

En résumé, dans le cours de longs voyages, je n’ai jamais rencontré une organisation sociale

  1. Sur les souffrances physiques et morales infligées en France aux vieux parents. (L’Organisation du travail, p. 493 à 497.)